La révolte à Bordeaux

Du 26 au 30 mars 1675 Bordeaux est aux mains des émeutiers. 

Le Maréchal de France César d’Albret, gouverneur de la ville et cousin du roi, a peu de garnison à Bordeaux. Elle ne sont pas suffisante pour rétablir l’ordre et les bourgeois refusent la levée des milices. 
À partir du 29 mars 1675, les paysans des environs arrivent à Bordeaux pour prêter main-forte aux émeutiers. Sous la pression populaire, le parlement de Bordeaux rend un arrêt de suspension des nouvelles taxes.


Maréchal de France César d'Albert, gouverneur de Bordeaux
Le 6 avril, le roi fait une déclaration d’amnistie pour les émeutiés de Bordeaux, son gouverneur n’ayant pas les moyens de reprendre la ville en main 25. Mais lorsqu'en août une nouvelle sédition survient, les châtiments les plus sévères leurs sont réservés.

D'autres villes du sud-ouest se soulèvent également pour les mêmes raisons (émeutes à Bergerac les 3 et 4 mai 28, etc...).


La révolte rennaise

A Rennes3 le 3 avril 1675,  la révolte gronde. Elle semble se limiter à des jets de pierres et des fenêtres brisées mais le jeudi 18 avril, une forte émeute éclate. Les émeutiers s’en prennent à deux immeubles du Champ Jacquet où ils enfoncent portes et fenêtres, pillent et emportent tout le tabac, mais aussi le vin, le cidre et brûlent les cahiers et registres du greffe (ce qui correspondait à notre Enregistrement)26.

Ils vont ensuite au Parlement où ils rompent toutes les presses du papier timbré  puis pillent tout le papier et le parchemin timbré. La répression est immédiate: Plus de 12 émeutiers sont tués et 50 blessés26.

Le 25 avril, c’est le temple des Huguenots qui brûle... des commis au tabac et au papier timbré étant de cette religion26.

Du 8 au 12 juin, plusieurs mouvements, sans la même gravité, agitent encore la ville. Dans ses rapports au roi, le Duc de Chaulnes, gouverneur de la Bretagne, met fortement en cause le Parlement qu’il accuse de pousser le peuple à la révolte contre les édits royaux. Il estime entre autre à 15.000 le nombre d’hommes qui ont pris les armes durant la sédition26.

Le 17 juillet, 10 ou 12 protestataires pillent une seconde fois le papier timbré au Parlement26.

En octobre, les troupes du roi ramènent l'ordre et pillent Rennes qui doit encore héberger les régiments tout l'hiver.

Le parlement, en représaille de "l'encouragement des révoltés" (Selon une lettre du duc de Chaulnes), est déplacé à Vannes pendant 15 ans. La ville, qui vivait essentiellement de la présence du parlement, voit sa population baisser durant cette période.
À Rennes, un tiers de la rue Haute (l'actuelle rue Saint-Malo) est rasé par l'armée royale, et interdiction est faite sous peine de mort, de porter secours aux sans abris 29.


La révolte à Nantes

Le 3 mai, à Nantes, le marquis de Molac, gouverneur de la ville, décrit dans une lettre « l'émotion populaire » comme l'une « des plus grandes et des plus considérables qui se soient jamais faites dans la ville ».

Le roi réagit et y envoie des troupes armées, violant l'un des privilèges de la ville qui l'exemptait du logement des gens de guerre. "Colbert et Louvois se trouvèrent pour une fois d'accord pour répri mer le mouvement insurrectionnel des villes de Bretagne : le Secrétaire d'Etat à la guerre envoie à Nantes un bataillon de la Couronne et 600 cavaliers de la maréchaussée, qui y passèrent le mois de juin (19)"8.

Une nouvelle flambée de colère éclate, marquée par le siège du manoir épiscopal où se trouvait alors le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne. Lorsque les troupes se retirent, l'atmosphère s'apaise un peu.1

La révolte des paysans de Basse Bretagne qui sera dite des Bonnets Rouges éclate en juin 1675. Elle a, comme celle des villes, le caractère d’une protestation fiscale. Mais le Duc de Chaulnes appréciera mieux les causes profondes des troubles : la grande misère des paysans.


Références :
1 : Paragraphe sur la révolte à Nantes: Sophie Desplanques - Le Télégramme